Sur les traces de Louis Babel, le Genevois qui cartographia le Labrador, par Corinne JAQUET

Date: 04.11.2019 à 00:00

Le père Louis Babel, oblat de Marie-Immaculée, fut sans doute parmi les pionniers de race blanche à traverser l’immense territoire du Labrador entre 1866 et 1870. Il fut le premier en tout cas à en tracer une cartographie et à découvrir le fer qui allait faire la richesse de la région de Schefferville. 
Ce missionnaire discret était né à Veyrier dans la campagne de Genève. 

Un homme de conviction et de volonté 

Pendant près de soixante ans, le Père Louis Babel, a consacré sa vie aux Indiens Innus (Montagnais) installés sur la Côte-Nord du Saint-Laurent, au Québec. Il a appris la langue algonquine et conversait sans difficulté avec ceux que l’on appelait encore des «Sauvages». Fallait-il qu’il ait confiance en eux, lorsqu’il s’est agi de les suivre pour s’enfoncer dans les vastes forêts du Labrador ! Il était alors dans la pleine force de l’âge, certes, mais il en fallait du courage pour parcourir ces terres hostiles avec le projet d’y établir de nouvelles missions.

Passionné par la géographie, par la botanique, par la géologie, le Père Babel s’est mué en découvreur. Conscient ou non de l’apport qu’il ferait à la cartographie de toute une région, il a noirci des centaines de pages de notes et élaboré des centaines de croquis dont les scientifiques se sont largement servis après lui. 

Non loin de Schefferville, à mi-chemin entre le Saint-Laurent et la baie d’Hudson, c’est lui qui remarqua en premier la coloration rouge de la terre, devinant très vite qu’il venait de débusquer les premiers gisements de fer qui allaient faire la fortune de la région. 

A côté de ses explorations et de ses découvertes, Louis Babel resta avant tout le berger des âmes. Il aimait par-dessus tout les Montagnais au milieu desquels il vivait. Ces indiens étaient devenus sa famille. Pour celui qui n’avait plus aucun espoir de revoir un jour son village natal (puisque ses supérieurs le lui avaient refusé), le peuple innu représentait tout. C’est d’ailleurs auprès d’eux que sa dépouille repose aujourd’hui. 

Mort au bord du lac Saint-Jean, le père oblat est enterré à Betsiamites, au bord de ce grand fleuve qu’il aimait. Un monument en hommage à son travail et à celui de son acolyte le Père Arnaud fut inauguré là au milieu du XXe siècle.

Née à Genève, Corinne Jaquet a conduit des études de Sciences Politiques. Titulaire d’un Master de l’Institut HEI en 1983, la politologue se tourne alors vers le journalisme. Responsable pendant plusieurs années de la rubrique faits divers et judiciaire du défunt journal La Suisse, elle y rédige ses premières chroniques d’histoire criminelle. 
Indépendante depuis 1992, elle fonde, en 1996, le Journal de Veyrier, un journal communal paraissant six fois par an et dont elle continue à s’occuper à plein temps. 
Après douze romans policiers, six ouvrages pour les enfants et divers récits judiciaires et policiers, elle vient de passer trois ans à retracer l’itinéraire de Louis Babel, qui était originaire de Veyrier, le village où elle demeure depuis 28 ans. 

La conférence sera précédée de l’Assemblée générale annuelle.

Elle sera suivie d’une séance de dédicaces: le livre sur Babel et ses 24 (!) autres ouvrages.
http://www.corinnejaquet.ch/